Frais de gestion: combien payez-vous?
Paru le 03 février 2011
Par Priscilla Franken
Près de la moitié des Canadiens ignorent à combien s’élèvent les frais de gestion de leurs fonds communs. Et vous?
Photo: iStockphoto
Dans une proportion de 45 %, les Canadiens ne sont pas certains du montant qu’ils paient en frais de gestion pour leurs fonds communs de placement. Mieux, 28 % ne sont même pas en mesure d’indiquer, ne serait-ce qu’approximativement, ce qui représente selon eux des frais raisonnables…
C’est ce que nous apprend un récent sondage réalisé par Opinion publique Angus Reid pour ING Direct.
Autres enseignements de l’étude:58 % des répondants ont indiqué que le choix d’un fonds commun de placement pour un REER n’est pas aussi simple et facile qu’il pourrait l’être, et 39 % se demandent s’ils ont investi dans les bons produits.
Bref, des constats plutôt embêtants… mais qui ne datent pas d’hier, comme le souligne Larry Bathurst, conseiller indépendant et président de Planex Solutions Financières: «Je ne suis pas du tout étonné par ces résultats. D’abord parce que ce n’est pas la première fois que ce type de sondage est réalisé, ensuite parce que les consommateurs s’intéressent généralement davantage à ce qu’un produit leur rapporte, plutôt qu’à la façon dont il est construit.»
Un grand tort à ses yeux que celui de ne pas comprendre le fonctionnement d’un fonds commun avant de l’acheter: «Il est très important de se pencher sur la question. D’abord parce qu’il est normal de savoir pour quoi on paye, ensuite parce que celui qui est bien informé ne sera pas frustré par de mauvaises surprises.»
Le b.-a.-ba des frais de gestion
Mais à qui sont destinés ces frais de gestion au fait? «Ils servent à payer trois acteurs: les gestionnaires, les courtiers et les promoteurs du fonds», explique William-André Nadeau, gestionnaire de portefeuille chez Orientation Finance.
Leur montant varie généralement entre 1,5 et 2,5 % et ils sont déduits du rendement annuel brut. Si, par exemple, ce dernier s’élève à 5 % et que vos frais de gestion sont de 1,5 %, cela donne:
5 % - 1,5 % = 3,5 % de rendement
On y ajoute ensuite ce qu’on appelle des frais d’administration (frais légaux, informatiques, de vérification, etc.), compris pour leur part entre 0,2 et 0,8 % environ du rendement brut. «Ils sont souvent minimes et varient d’une année à l’autre. Lorsqu’on parle du ratio de frais de gestion, cela signifie qu’on englobe à la fois les frais de gestion et les frais d’administration.»
D’autres frais
Attendez, ce n’est pas fini. D’autres frais peuvent s’ajouter, selon les services pour lesquels vous optez. Ce sont les frais de courtage, les frais d’entrée et les frais de sortie.
«Les frais de courtage sont souvent invisibles pour les détenteurs du fonds, car ils oscillententre 0,05 et 0,5 % du rendement brut. Ils dépendent du volume des transactions», poursuit William-André Nadeau.
Certaines firmes facturent aussi des frais d’entrée. Ils peuvent grimper jusqu’à 5 % de la somme investie.
Des frais de sortie peuvent également vous être imposés lorsque vous souhaitez retirer l’argent que vous avez investi. «Ils sont à surveiller car beaucoup d’investisseurs ne savent pas qu’ils devront en payer s’ils veulent revendre leur fonds durant les premières années!», prévient le spécialiste. Ces frais sont généralement dégressifs sur une période donnée. Exemple: de 5,5 % (1re année) à 0 % (7e année).
Des frais trop élevés?
Reste que le montant des frais de gestion est extrêmement élevé au Canada, en comparaison avec d’autres pays. «Cela fait 50 ans que les statistiques le prouvent: les frais de gestion des fonds communs sont beaucoup trop élevés en regard du rendement qu’ils procurent. C’est un vrai problème», rappelle William-André Nadeau.
Notez qu’il existe quand même des fonds indiciels à faibles frais, soit 1 % en moyenne, mais dans ce cas vous ne bénéficiez pas toujours de conseils. ING Direct, TD Canada Trust, ou CIBC par exemple, proposent ce type de produits.
Vous pouvez enfin vous tourner vers une solution alternative aux fonds communs, les fonds négociés en Bourse (FNB). Vous achetez alors vous-même votre fonds via une firme de courtage en ligne (ce qu’on appelle «courtage à escompte»). Ce qui nécessite quand même, soulignons-le, quelques connaissances en matière de placements. Il vous en coûtera alors entre 0,15 et 1 % de frais de gestion. Par contre, vous devrez payer des frais (commissions) de courtage de 10 à 30 $ pour chaque opération.
«Pour faire son choix parmi ces différentes possibilités, il faut se demander: pour quel service suis-je prêt à payer? Quelle formule correspond le mieux à mes besoins?», recommande Larry Bathurst. Il rappelle également que l’investisseur qui paye pour du conseil est en droit de s’attendre à différentes actions, dont une rencontre annuelle au minimum, un suivi du portefeuille de placement, une mise à jour annuelle du bilan financier, etc.
«Il existe des produits pour tous types d’investisseurs et chacun a ses avantages et ses inconvénients, estime William-André Nadeau. Quelqu’un d’assez autonome se dirigera par exemple plus facilement vers un FNB. Celui qui veut du conseil, donc de la valeur ajoutée, paiera pour cela.»
Dans tous les cas, vous avez tout intérêt à vous procurer le prospectus simplifié du fonds qui vous intéresse. Vous pouvez l’obtenir auprès de votre conseiller, ou sur le site Websedar.com, par exemple. Certes, ce document de 70 à 125 pages est peu attrayant, mais vous devriez au moins vous pencher sur la section «Frais de gestion».
M. Bathurst rappelle enfin que les frais de gestion ne sont pas les seuls facteurs influant le rendement. «Un fonds qui propose un rendement de 5 % avec des frais de 1 % reste moins intéressant qu’un fonds qui offre un rendement de 10 % et des frais de 2 %», souligne-t-il.
Pour en savoir davantage sur les frais de gestion des fonds communs, vous pouvez consulter l’étude réalisée par Robert Pouliot, La plaie des frais.
Vous pouvez également obtenir diverses informations relatives aux fonds communs (répertoire, frais de gestion, classement, rapports de rendement, etc.) sur le site Morningstar, ou encore utiliser l’outil d’analyse du Globefund.
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi consulter les articles suivants:
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